Fin juillet, à Tinzawatène au Mali, une attaque terroriste d’envergure a fait subir de lourdes pertes humaines et matérielles à l’armée malienne. Au moins une dizaine d’éléments du groupe paramilitaire russe Wagner seraient également tombés dans cet assaut. Et comme s’il agissait dans l’environnement d’un simple « grin » où des informations se partagent autour du thé, l’ambassadeur ukrainien au Sénégal, aurait partagé une vidéo de soutien à ces frappes meurtrières.
Fort logiquement, cet acte, qu’elles considèrent être en dehors des clous diplomatiques, n’a pas été du goût des autorités sénégalaises qui ont logiquement convoqué le diplomate à qui elles ont signifié leur mécontentement. Yuni Pyvovarov, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est-il un diplomate chevronné ? Si oui, par cette maladresse voulue et délibérée, l’Ukrainien n’est diplomate que de nom, à moins que cette fonction prenne une autre connotation, quand on est ambassadeur d’un pays en guerre.
Non seulement l’homme ne sait pas tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, qualité pourtant indispensable à ce statut, où la langue de bois est très recommandée, mais en plus, il provoque l’ire de son pays d’accueil, le Sénégal. Certes, le diplomate, un récidiviste qui avait déjà été entendu par les autorités sénégalaises en mars 2022, alors qu’il a relayé sur ses réseaux sociaux, un appel au recrutement d’étrangers pour combattre la Russie en Ukraine, est dans son rôle de porter les intérêts de son pays. Sauf qu’il a certainement oublié que son hôte sénégalais défend une position de « neutralité constructive » dans le conflit russo-ukrainien. Du reste, la plupart des pays africains sont sur la même longueur d’onde que le Sénégal, presque tous ayant refusé, à l’époque, de voter pour une résolution onusienne qui condamnait la Russie. C’est dire combien la balle tirée par Yuni Pyvovarov dans les pieds de Volodymyr Zelenski, fera mal à son pays qui, pourtant, a, plus que jamais, besoin de soutien dans cette guerre qui, d’« éclair » s’est installée dans la durée, depuis le petit matin du 24 février 2022, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine.
En tout cas, en plus de la convocation de l’ambassadeur ukrainien à Dakar, et la ferme condamnation de Ouagadougou qui a exhorté Kiev à ne pas se tromper de combat, le Mali, premier concerné par cette affaire, a, dans des mots dont la dureté est sans équivoque, annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. Car, Bamako a fait le constat que l’impair de Yuni Pyvovarov est doublé de la déclaration du porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire, Andriy Yusov. Ce dernier, selon les autorités de la transition malienne, par des « propos subversifs (…) a avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traitre et barbare de groupes armés terroristes ayant entrainé la mort d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité maliennes à Tinzawatène, ainsi que des dégâts matériels ».
Et voilà que cette malheureuse sortie de Yuni Pyvovarov donne une preuve supplémentaire, s’il en fallait encore, que la guerre entre la Russie et l’Ukraine se joue également en terre africaine. Quelles seront les prochaines déflagrations de ce conflit sur le continent noir ? « Ça va se savoir », comme le dit cette célèbre émission de télévision franco-belge.
Par Wakat Séra (Burkina Faso)
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