Au lendemain de l’arrestation de P. Diddy, le lundi 16 septembre 2024, les autorités américaines ont détaillé les accusations portées contre lui. En mars dernier, lorsque ses villas de Miami et Los Angeles avaient été fouillées par la police, peu de détails avaient été donnés. Tout juste savait-on que l’enquête était menée par le FBI et les services du Homeland après plusieurs plaintes pour agressions sexuelles.
Aujourd’hui, P. Diddy est accusé par au moins 10 personnes, toutes donnant des versions similaires de ce qu’elles auraient vécu, évoquant des actes forcés alors qu’elles étaient droguées, des soirées d’orgie ou encore un contrôle psychologique sur elles. Lundi 16 septembre, le producteur milliardaire a finalement été arrêté après des mois d’enquête. Interpellé dans un hôtel de New York, il a été conduit en détention où il devrait rester, sa demande de caution ayant été refusée.
Mardi, les autorités ont révélé l’étendue de l’affaire, confirmant qu’il était poursuivi au niveau fédéral pour trafic sexuel, racket et transport à des fins de prostitution. Les documents judiciaires ont été dévoilés dans les médias américains. L’acte d’accusation de 14 pages le dépeint comme le chef d’une entreprise criminelle qui lui aurait permis d’abuser, de menacer et de contraindre des femmes pendant des années « pour satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et dissimuler sa conduite ». En voici les points clés :
Les « freak offs » organisés par P. Diddy
Lorsque la chanteuse Cassie, ex du rappeur, a porté plainte contre lui en novembre 2023, elle évoquait l’emprise sous laquelle elle était, affirmant avoir été initiée à la drogue alors qu’elle n’avait que 19 ans, forcée à avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes et violée. Si elle a passé un accord financier avec l’artiste, l’enquête s’est poursuivie après les plaintes de 10 autres personnes déposées entre novembre et juin dernier. Les procureurs, ont, mardi, confirmé ce que relatait la jeune femme. Les documents font état de « freak offs » des évènements sexuels organisés par Sean Combs, de son vrai nom, décrits comme des « performances sexuelles élaborées ». Pour convaincre les femmes d’y participer, il aurait réussi à les manipuler en leur faisant croire à une relation romantique avec lui avant, ensuite, d’utiliser « la force, les menaces et la coercition ». Parfois, ces « freak offs » qui impliquaient aussi des prostitués masculins duraient plusieurs jours pendant lesquels P. Diddy filmait et se masturbait. Les procureurs fédéraux ont affirmé avoir saisi plus de 1 000 bouteilles d’huile pour bébé et d’autres lubrifiants au domicile de Combs, utilisés lors de ces actes sexuels.
« Le prévenu a organisé des » freak Offs » avec l’aide de membres et d’associés de son entreprise, y compris des employés, et les chambres d’hôtel où elles étaient organisées ont souvent subi des dommages importants », selon l’accusation. Lors d’un incident de ce type survenu en 2012, dans un hôtel de Manhattan, Sean Combs a même dû payer plus de « 46 000 dollars pour couvrir les dommages causés à une chambre suite à un freak Off ».
Les victimes droguées
Parmi les victimes présumées du rappeur se trouve un homme, Rodney « Lil Rod » Jones qui affirme avoir été abusé pendant plus d’un an alors qu’il travaillait, entre 2022 et 2023, avec l’artiste sur l’album « Love ». Dans sa plainte, il décrivait notamment ces soirées de débauche, affirmant que des jeunes femmes parfois mineures étaient saoulées ou droguées puis forcées à avoir de relations sexuelles. Dans l’acte d’accusation, la drogue est mentionnée. « Les freak offs qui duraient parfois plusieurs jours, impliquaient souvent une variété de stupéfiants tels que la kétamine, l’ecstasy et le GHB, que Combs distribuait aux victimes pour les maintenir obéissantes et conformes. » Comme ces évènements étaient physiquement éprouvants, les procureurs affirment que Diddy et les victimes avaient besoin d’un traitement par perfusion pour tenir le coup.
Des armes à feu découvertes
Durant les fouilles des résidences de P. Diddy, les enquêteurs ont trouvé trois AR-15 avec des « numéros de série abîmés », d’autres armes à feu, des munitions et un chargeur à tambour. Deux des trois AR-15 confisqués à Combs se trouvaient dans le placard de sa chambre à Miami, où ils avaient été « démontés en pièces, avec des chargeurs contenant des munitions », a déclaré le procureur américain Damian Williams, en montrant des photos agrandies des armes.
Une accusation de kidnapping
Le 22 décembre 2011, une personne identifiée comme « individu 1 » aurait été kidnappée chez elle. « Environ deux semaines plus tard, les co-conspirateurs du prévenu ont mis le feu au véhicule de l’individu-1 en ouvrant le toit décapotable de la voiture et en y déposant un cocktail Molotov », ont déclaré les procureurs. « Les rapports de la police et des pompiers documentent largement l’incendie criminel et concluent que l’incendie a été intentionnel. Plusieurs personnes témoigneraient également du fait que le prévenu s’est vanté de son rôle dans la destruction de la voiture de l’individu-1. »
Un mode opératoire qui rappelle le récit fait par l’artiste Kid Cudi, que Diddy soupçonnait d’avoir une relation amoureuse avec Cassie au moment où ils étaient séparés. Lorsque la chanteuse a porté plainte, Kid Cudi avait confirmé les accusations dans le « New York Times ». À l’époque, P.Diddy aurait non seulement frappé la jeune femme mais également menacé de faire exploser la voiture de luxe de son nouvel ennemi. « À peu près à ce moment-là, la voiture de Kid Cudi a explosé dans son allée », indiquaient les documents judiciaires.
P. Diddy aurait tenté d’acheter le silence des témoins et des victimes présumées
Accusé de violences par plusieurs femmes, P. Diddy aurait, au cours des dernières décennies, réussi à étouffer ces affaires en achetant le silence de témoins. En mai dernier, CNN dévoilait des images de Cassie, dans un hôtel de Manhattan, passée à tabac par son compagnon en 2016. Il aurait ensuite payé l’hôtel pour faire disparaître cette vidéosurveillance. D’autres faits présumés similaires sont relatés dans l’acte d’accusation. Ainsi, peu de temps après qu’une plainte pour abus sexuel a été déposée contre lui en novembre 2023, Combs « a passé plusieurs appels à une autre victime de ses abus sexuels et a enregistré certains de ces appels » tout en demandant le « soutien et l’amitié » de cette victime. Selon les procureurs, « il aurait tenté de convaincre la victime qu’elle s’était volontairement livrée à des actes constituant des abus sexuels ». « Plus inquiétant encore, depuis qu’il a eu connaissance de l’enquête criminelle, notamment après l’exécution des mandats de perquisition à ses résidences, Combs a contacté d’autres témoins à plusieurs reprises, y compris d’autres témoins qui avaient reçu des assignations à comparaître devant le grand jury. »
P. Diddy continue à nier toutes les accusations portées contre lui et son avocat a annoncé son intention de se défendre. En attendant, il est en détention. L’avocat de la chanteuse Dawn Richard, qui poursuit Sean Combs, a déclaré que trop de victimes ont « souffert en silence » mais peuvent désormais obtenir justice grâce aux poursuites fédérales contre le magnat de la musique.
Par Paris Match
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