Mali : les rebelles du FLA et les jihadistes du Jnim se sont « coordonnés » contre l’armée à Alkit

fama Mali : les rebelles du FLA et les jihadistes du Jnim se sont « coordonnés » contre l'armée à Alkit

Au Mali, un convoi militaire malien est tombé dans une embuscade lundi 14 juillet à Alkit, entre Kidal et Anefis, dans le nord du pays. Les rebelles du FLA, le Front de libération de l’Azawad, ont affirmé avoir « totalement neutralisé » le convoi. L’armée a reconnu des « combats » sans communiquer sur leur issue. Selon les informations de RFI, les jihadistes du Jnim, le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à al-Qaïda, étaient également présents lors de cette embuscade.

Au Mali, le convoi attaqué ce lundi 14 juillet était parti de Kidal, dans la matinée, en direction d’Anefis. Il était constitué de quatre véhicules dont un blindé, selon le FLA. Les rebelles joints par RFI affirment avoir détruit ou emporté la totalité des véhicules et assurent avoir fait plusieurs victimes sans fournir de bilan humain précis. L’armée malienne a reconnu, dans un communiqué publié ce lundi, un accrochage, mais sans donner sa version de l’issue des combats. Sollicitée par RFI, elle n’a pas donné suite.

Une riposte a pourtant été menée par l’armée. Le FLA rapporte une frappe de drone à Djounhane, qui aurait manqué un véhicule rebelle. Un hélicoptère de l’armée a également été mobilisé, que le FLA assure avoir touché, le forçant à atterrir en urgence à Kidal. Des militaires maliens ont pu s’échapper en se cachant dans les vastes collines alentours. Quant à l’imposant convoi logistique parti de Gao jeudi dernier pour ravitailler les camps militaires de la région de Kidal, il est arrivé à Anefis vendredi matin et n’en a plus bougé depuis.

Attaque « coordonnée »

Mais ce lundi à Alkit, les combattants du FLA n’étaient pas seuls à la manœuvre. Selon plusieurs sources locales concordantes, les jihadistes du Jnim, liés à al-Qaïda, étaient également présents. Ni le FLA ni le Jnim n’ont officiellement confirmé cette information. Le Jnim n’a pas communiqué sur l’attaque d’Alkit mais plusieurs membres du FLA reconnaissent la présence de plusieurs véhicules du Jnim lors de l’embuscade. Ils démentent toutefois qu’il s’agisse d’une « opération conjointe » à proprement parler et préfèrent parler de « coordination. » Concrètement, selon les explications d’un combattant du FLA, les hommes des deux groupes n’ont pas combattu côte à côte mais ont mené des assauts successifs contre les mêmes cibles.

Officiellement, les deux groupes sont liés par un simple pacte de non-agression et combattent chacun de leur côté leurs ennemis communs, les Fama – les Forces armées maliennes, et leurs supplétifs russes de l’Africa Corps. Des négociations ont été initiées en décembre dernier pour effectuer des opérations conjointes qui seraient élaborées et menées ensemble. La formation d’un état-major commun est même envisagée. L’embuscade d’Alkit avec des combattants des deux groupes semble confirmer cette dynamique, mais aucun accord n’a été conclu à ce stade. « Les négociations sont toujours en cours », indique un cadre du FLA.

Deux groupes qualifiés de « terroristes » par Bamako

Le FLA et le Jnim sont indistinctement considérés comme des groupes « terroristes » par Bamako. Le FLA est issu de l’union de groupes rebelles signataires de l’accord de paix de 2015. Après la rupture de cet accord par les autorités maliennes de transition, officiellement en janvier 2024, sur le terrain depuis l’été 2023, ils ont repris les armes et leur revendication indépendantiste pour les régions du nord du Mali, désignées sous le terme d’Azawad.

Les jihadistes du Jnim, eux, entendent imposer la charia au Sahel et dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ils n’ont jamais été concernés par l’accord de paix de 2015. Outre leurs objectifs et leurs prétentions territoriales différentes, leurs méthodes divergent. Contrairement au Jnim, le FLA ne prend pas d’otages et ne cible pas les civils alors que les jihadistes ont placé des villes entières sous blocus et détiennent des dizaines de civils maliens.

Ce sont ces différences qui n’ont, jusqu’à aujourd’hui, pas permis aux négociations d’aboutir. Mais sur le terrain, l’embuscade d’Alkit menée par le FLA en « coordination » avec les combattants du Jnim, constitue aux yeux de nombreuses sources locales un évènement notable et inédit, ou presque. À Tinzaouatène, en juillet dernier, le FLA avait infligé une lourde défaite à l’armée malienne et à ses supplétifs russes. Le Jnim avait, dans un second temps, attaqué les militaires lors de leur repli.

Radio France internationale (RFI)

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