L’affaire Mandakao prend les airs d’un piège qui se referme, lentement mais sûrement, sur l’opposant tchadien Succès Masra ! L’ancien Premier ministre se demande, sans doute, ce qu’il fait devant les juges de la cour criminelle qui, à l’occasion, ont élu domicile à la Cour suprême. Le leader du parti « Les Transformateurs », y comparaît, aux côtés d’au moins 70 co-accusés, mis en cause, comme lui, dans l’attaque du 14 mai qui s’est soldé par 42 morts. La plupart des victimes de ce énième drame généré par le conflit entre agriculteurs et éleveurs, sont des femmes et des enfants.
Avec sa supposée implication qui sert visiblement d’alibi pour le mettre KO par justice interposée, l’ancien candidat à la présidentielle de cette année, doit se convaincre désormais qu’il est juste sur le point d’être sacrifié sur l’autel de l’ambition politique aiguisée du camp d’en face. Car, toute condamnation dans ce procès dénoncé par ses avocats et ses partisans comme une manœuvre politique, le privera, de toute évidence, de la prochaine présidentielle de 2029.
Ce jugement dans lequel se retrouve un Succès Masra, accablé de griefs comme ceux, de « diffusion de messages de nature raciste et xénophobe, assassinat, et association de malfaiteurs » sera-t-il équitable ? Difficile d’y croire surtout que les accusations contre le principal accusé, trouvent leur origine dans un message qui circule sur les réseaux sociaux et prononcé par le chef des Transformateurs depuis le 23 mai 2023, et donc, comme le soutiennent ses avocats, est sans aucun lien avec le massacre du 14 mai 2025. Non seulement l’opposant a tenu ces propos depuis un an, mais de plus, les affrontements entre agriculteurs et éleveurs sont une plaie aussi vieille que le monde et que portent nombre de pays africains. Les animaux en quête de pâturage et d’eau font régulièrement des dégâts dans les champs, ce qui provoque, inévitablement, des heurts entre bergers et cultivateurs.
Que vient donc chercher Succès Masra dans ce conflit qui existait avant sa naissance et même celle de ses parents et grands-parents ? Question que ne se posent guère les accusateurs de celui qui, il faut le reconnaître, manque de constance dans sa trajectoire politique !
Succès Masra n’aurait jamais dû se laisser entraîner dans cette médiation ourdie, n’ayons pas peur du mot, qui avait débouché sur son retour au Tchad, le 3 novembre 2023, après plus d’un an d’exil. Qui plus est, il n’aurait jamais dû, non plus, accepter ce cadeau empoisonné, un hameçon auquel il a mordu goulûment, en devenant, en janvier 2024, le Premier ministre du président maréchal Mahamat Idriss Deby, celui dont il a toujours farouchement combattu le pouvoir ! Malheureusement pour lui, Succès Masra, s’est engouffré, sous l’égide du président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, dans un processus d’accord de principe, visant la quête de réconciliation nationale. Le « jeune et fougueux » opposant pensait que le temps de la guerre était fini, faisant place à celui de la paix. Une erreur qui ne pardonne pas en politique, surtout quand l’on tombe dans cette naïveté déconcertante dont a fait preuve Succès Masra !
Question : face au harcèlement judiciaire continu et à la pluie de déboires qui pourraient emporter Succès Masra, qu’il avait convaincu à rentrer à la maison pour se ranger aux côtés de son homologue tchadien, pour l’aider à faire passer le « OUI » à son référendum et apporter une caution de choix à son élection à la tête de son pays, que fait le président Felix Tshisekedi ? A-t-il été complice de ce traquenard tendu à l’opposant ? Son silence pourrait bien le faire croire, à moins que lui également ait été victime de la ruse du maître de N’Djamena !
En tout cas, ironie du sort, le succès semble avoir tourné le dos au mal nommé…Succès Masra !
Par Wakat Séra (Burkina Faso)
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