Côte d’Ivoire et Cameroun : deux victoires annoncées…et beaucoup de questions !

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Alassane Ouattara, président de la République sortant, selon les résultats proclamés circonscription par circonscription, va vers le plébiscite pour à l’occasion de la présidentielle du samedi 25 octobre 2025. Ce n’est plus un secret. Même que l’un des quatre candidats malheureux, Jean-Louis Billon, pour ne pas le nommer, a déjà reconnu sa défaite, et adressé ses félicitations à celui qui avait tous les atouts en main pour garder, une fois de plus, son fauteuil. Il ne faut pas avoir peur des mots, la bérézina est totale pour cette opposition qui a accepté d’aller jusqu’au bout du jeu démocratique. Face à Simone Ehivet, Henriette Lagou Adjoua, Ahoua Don Mello, et Jean-Louis Billon, la machine électorale du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), aura été sans pitié, ne concédant que des miettes aux adversaires d’Alassane Ouattara qui, en attendant la proclamation officielle des résultats du premier tour, est certain de réaliser le coup KO.

La victoire d’Alassane Ouattara sera sans bavure et n’appellera donc aucun tour supplémentaire.

Questions : pouvait-il en être autrement, quand l’élimination des candidats du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a été effective, depuis la publication de la liste électorale ? Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, sortis du jeu, parce que frappés par des mesures judiciaires, la présidentielle pouvait-elle connaître autre issue ? Si la réconciliation nationale dont Alassane Ouattara s’est fait le chantre, est restée une symphonie inachevée, à dessein est-on tenté de l’affirmer, et que la résolution politique a été écartée, sans autre forme de procès, au profit de la dureté de la loi, quel autre résultat pouvait afficher la présidentielle de ce samedi 25 octobre, si ce n’est le raz-de-marée du RHDP ?

Certes, les candidats en compétition étaient loin d’être du menu fretin, mais la barre était, visiblement, trop haute pour eux. Il faut reconnaître, sans ambages, qu’ils étaient loin de l’assise populaire d’un Tidjane Thiam et d’un Laurent Gbagbo, dans une Afrique où le vote est fonction de la personne et non du programme que le candidat présente. Certes, selon bien des indicateurs socio-économiques, le bilan du président sortant a parlé en sa faveur. Mais, quel mérite pour Alassane Ouattara n’a pas pu défendre ses acquis face à des concurrents de gabarit plus fort que ceux qu’il a eu à affronter ? Ces candidats qui auraient pu constituer des obstacles sérieux sur le boulevard qu’il s’est ouvert vers un autre mandat, le 4e pour ses détracteurs et le second selon la nouvelle constitution de 2016 qui a débouché sur la Troisième République. Tout est bientôt accompli pour le leader du RHDP qui doit tout de même méditer ces paroles de Corneille dans Le Cid : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

Au Cameroun où le Conseil constitutionnel a annoncé ce lundi, la victoire de Paul Biya, 92 ans, à la recherche d’un 8e mandat, c’est la rue qui a grondé la veille. A l’appel du candidat Issa Tchiroma Bakary, ex-allié du pouvoir, devenu opposant à la veille de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, de nombreux Camerounais ont manifesté, sur l’étendue du territoire nationale, comme pour mettre sous pression, le Conseil constitutionnel. L’ancien ministre de Paul Biya, ne revendique, ni plus ni moins, qu’une victoire que lui et ses militants refusent qu’elle leur soit volée.

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Issa Tchiroma Bakary

Questions : Issa Tchiroma Bakary et les siens maintiendront-ils leur position alors que les décisions du Conseil constitutionnel ne peuvent plus faire l’objet de recours ? Dans un modus vivendi, celui qui ne veut pas entendre parler d’une quelconque défaite, acceptera-t-il un strapontin comme celui de Premier ministre que lui aurait proposé le pouvoir, avant même la proclamation officielle des résultats ?

En somme, quelle sera la température sociale du Cameroun après la sortie du Conseil constitutionnel ? Wait and see, comme le dirait la population anglophone du Cameroun.

Par Wakat Séra (Burkina Faso)

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