
L’annonce était attendue, mais elle n’en demeure pas moins un coup dur pour la lutte contre le changement climatique. Lundi 20 janvier 2025, après son investiture, Donald Trump a signé un décret ordonnant le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, qualifiant ce texte de « nouvelle arnaque verte ».
Le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris représente un revers majeur pour les efforts internationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour l’Afrique, où les besoins en financement climatique sont cruciaux, cette décision pourrait avoir des conséquences particulièrement néfastes. Entre la réduction des contributions américaines aux fonds internationaux et l’affaiblissement du multilatéralisme climatique, le continent risque de voir sa marche vers la transition énergétique fortement ralentie.
Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les nations en développement dans leur transition énergétique et leur adaptation aux effets du changement climatique. Bien que cette promesse peine à se concrétiser pleinement, les États-Unis, deuxième plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre, ont toujours été considérés comme un contributeur essentiel à cet effort.
Sous la présidence de Joe Biden, Washington avait réaffirmé son engagement en faveur du climat, notamment en annonçant en 2023 un versement de 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat (GCF), principal mécanisme destiné à soutenir les pays en développement. Il reste incertain si tout ou partie de ce montant a déjà été débloqué.
De plus, l’administration Biden s’était engagée à travailler avec le Congrès pour porter à 11,4 milliards de dollars par an le financement public international des États-Unis en faveur du climat. « Ce n’est pas de la charité, c’est de la justice. Les pays qui contribuent le moins à la crise climatique sont ceux qui souffrent le plus et qui ont le moins de ressources pour y faire face. En tant que grand émetteur mondial de polluants climatiques au fil du temps et l’un des pays les plus riches, les États-Unis doivent assumer la responsabilité qui leur incombe de les soutenir », avait affirmé Joe Biden.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ce soutien risque d’être brutalement interrompu, comme ce fut déjà le cas lors de son premier mandat (2017-2021), où il avait cessé toute contribution au GCF.
L’Afrique est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Sécheresses prolongées, inondations, érosion côtière et baisse des rendements agricoles mettent en péril des millions de vies et freinent le développement économique du continent. Or, pour répondre à ces défis, les États africains ont besoin d’investissements massifs, notamment pour financer les infrastructures énergétiques bas carbone et améliorer l’accès à l’électricité durable.
L’absence de leadership américain pourrait affaiblir la dynamique internationale autour du financement climatique. Cela pourrait se traduire par une baisse des investissements dans les énergies renouvelables, alors même que l’Afrique cherche à exploiter son immense potentiel solaire et éolien, un ralentissement des projets d’adaptation, notamment dans l’agriculture et la gestion de l’eau, ainsi qu’un risque accru de surendettement pour les États africains, qui devront se tourner vers d’autres sources de financement, souvent plus coûteuses.
Quant à la Chine, bien qu’étant le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables, elle n’a pas encore pris le relais du financement climatique à l’échelle mondiale. Ce vide pourrait compromettre l’atteinte des objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris.
Face à cette nouvelle donne, les États africains devront repenser leur stratégie pour sécuriser les financements nécessaires à leur transition énergétique. Plusieurs options s’offrent à eux : renforcer les financements locaux et régionaux en s’appuyant davantage sur les banques de développement africaines et sur des partenariats public-privé, diversifier les sources de financement en attirant des investisseurs privés et en développant des mécanismes innovants comme les obligations vertes, ou encore accroître la coopération Sud-Sud en cherchant un appui plus important auprès d’acteurs comme la Chine, l’Inde et les pays du Golfe, qui augmentent leurs investissements en Afrique.
Source : Agence Ecofin
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