
La nouvelle a surpris plus d’un. Le tribunal pour enfants de Conakry a été déguerpi de son siège, à la Cité des nations, à Kaloum. Les lieux sont barricadés à cause, dit-on, du mauvais état des lieux. C’est l’ancien siège du Ministère de l’Unité nationale et de la citoyenneté qui servait de cadre à ce tribunal.
C’était la stupeur il y a quelques jours. Des militaires sont venus entourés d’un cordon de sécurité le siège du tribunal pour enfants de Conakry à quelques encablures du siège de la Haute autorité de la communication (HAC). Le bâtiment, refait et affecté au tribunal pour enfants de Conakry en juillet 2022, serait très vétuste.
Ce tribunal, présenté comme le parent pauvre du système judiciaire de notre pays, est désormais transféré à la Cour d’appel de Conakry, dans 4 bureaux du bâtiment qui a servi à la tenue du procès du massacre du 28 septembre.
« On a appris que c’est une décision du haut lieu. C’est avec amertume que nous l’avons appris. On n’avait même pas eu le temps quand des militaires sont venus pour fermer les lieux », affirme un magistrat en service à ce tribunal.
Pourtant, les audiences s’y tenaient régulièrement, contribuant à évacuer les dossiers judiciaires des enfants. « Les lundis, on tenait les audiences criminelles ; les mercredis et jeudis, les audiences correctionnelles ; les mardis et vendredis, les audiences civiles. Tout ceci va s’arrêter, puisqu’on nous a affectés juste 4 bureaux au tribunal Adhoc », explique notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat.
Les nombreux matériels du tribunal n’ont pu être envoyés dans les nouveaux locaux à cause de leur caractère exigu. Une grande déception pour les magistrats dudit tribunal.
Ce qui ne laisse pas indifférent les défenseurs des droits de l’Homme, à l’image de maître Thierno Souleymane Baldé, avocat à la Cour. « On leur a octroyé quelques bureaux au sein du bâtiment qui a abrité le procès du 28 septembre 2009. Mais cela se fait vraiment dans une situation très difficile et pénible pour les magistrats. Ils n’ont pas été avertis, et aucune mesure n’a été prise au préalable pour leur permettre de gérer les procédures et regrouper les dossiers avant de quitter. Vous avez vu les images circuler, avec des bureaux par terre, des dossiers éparpillés. Cela n’est pas admissible pour une juridiction d’une telle importance », a déploré cet avocat au micro de nos confrères de Guineematin.
Alpha Ben Alimou
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