BAD : Sidi Ould Tah, nouveau président, nouveaux défis !

image-72 BAD : Sidi Ould Tah, nouveau président, nouveaux défis !

« Je suis prêt, mettons-nous au travail ! » C’est par cette courte chute de son discours d’acceptation, à la suite d’une victoire écrasante de 76,18% des voix à la présidence du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), que le Mauritanien de 60 ans, Sidi Ould Tah, a décliné son programme en quelques mots.

Le 9ème patron de la Banque, pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois, qui succède au Nigérian Akinwumi Adesina, a, ainsi, montré que l’heure n’est plus au discours pour l’Afrique qu’il a dit être venu pour servir. De ce fait, il ne sera pas mis au pied du mur, selon l’expression consacrée, mais dans le mur ! Car, l’Afrique est le continent où tout est urgent, et les priorités multiples.

Pour prouver qu’il est déjà un bon maçon, truelle à la main, Il est déjà dans l’action, non pas dans un esprit de solitaire, mais dans une dynamique de l’union qui fait la force. L’ancien président de la Banque arabe pour le développement de l’Afrique (BADEA), qui a réussi à attirer des fonds faramineux du Golfe vers l’Afrique, convaincu que seul on va plus vite, mais qu’ensemble on va plus loin, mise donc sur l’apport de tous les membres de la famille BAD, mais aussi des Etats et des acteurs du secteur privé.

Vite et loin, deux priorités non négociables pour la BAD. Vite, parce que l’institution est contrainte de combler le trou creusé par le retrait des Etats-Unis de nombre d’institutions multilatérales dont la BAD. Loin, parce que l’Afrique a besoin de financements pour des projets structurants durables, à même de sortir le continent noir de la précarité et de consolider son développement. Raison pour laquelle, loin d’être pour lui une source d’euphorie, le score conséquent avec lequel il a largement devancé son challenger immédiat, le Zambien Samuel Munzele Maimbo, est plutôt synonyme d’interpellation à la tâche qui ne sera certainement pas un long fleuve tranquille.

La myriade d’attentes qui sont celles de l’Afrique, ne peuvent que pousser Dr. Sidi Ould Tah à mouiller le maillot aux couleurs blanc et vert de la BAD. Les coupures d’électricité, l’accès difficile à l’eau potable, une agriculture en quête de mécanisation et soumise aux caprices de la nature dans bien des pays, notamment ceux du Sahel, une industrialisation encore très embryonnaire, un secteur de la santé, peut-être pas en détresse, mais bien affecté, avec des centres de santé qui manquent de tout, un domaine de l’éducation aux programmes inadaptés aux apprenants, et qui forme plus de chômeurs que de travailleurs, des Etats où la mal gouvernance est reine, les guerres, le terrorisme, etc. Autant de plaies que l’Afrique porte, et qui ont besoin de traitements de choc que la BAD doit se donner pour mission de financer.

Et, même si la fierté est le sentiment le mieux partagé dans les rues de Nouakchott à l’annonce de son élection à la tête de la BAD, pour Sidi Ould Tah, le plus dur reste donc à faire ! Mais la longue expérience qu’il s’est bâtie alors qu’il était ministre de l’Economie et des finances de son pays, et qu’il a renforcée par 10 années de présidence de la BADEA, devrait permettre à l’économiste chevronné, de conduire le bateau à bon port, contre vents et marées. « C’est l’homme qu’il faut à la tête de la BAD », sont, du reste, convaincus d’anciens collaborateurs de Sidi Ould Tah qui aura peu, ou prou, de temps de grâce, tant l’Afrique a besoin de ce levier de développement qu’est la BAD.

En tout cas, Dr. Sidi Ould Tah, qui a prouvé, par les résultats du vote, qu’il était le candidat de l’Afrique mais jouit également de la confiance des actionnaires étrangers au continent noir, peut souffler un coup, en attendant de donner un nouveau souffle à la BAD !

Par Wakat Séra (Burkina Faso)

Partagez :