CEDEAO : nouveau médecin pour corps malade !

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Le Sierra Léonais, Julius Maada Bio, est le nouveau président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ainsi en ont décidé, ce dimanche 22 juin, les chefs d’Etat de la sous-région, réunis à Abuja, au Nigeria, en sommet ordinaire. Le président de la Sierra Leone a déjoué tous les pronostics, alors que son homologue sénégalais était le favori en vue.  Bassirou Diomaye Faye se présentait comme le successeur du Nigérian Bola Ahmed Tinubu, au nom du mode de la présidence tournante qui régit l’organisation et surtout de la règle non écrite, mais bien en vigueur, de l’alternance entre présidents anglophones, francophones et lusophones. Mais contre toute attente, c’est encore un anglophone qui récupère le témoin que lui a passé un… anglophone.

Qu’est-ce qui a bien pu empêcher le Sénégalais de prendre les rênes de l’institution ? S’est-il désisté au dernier moment, et pour quels motifs ? Qu’est-ce qui a joué au profit de Julius Maada Bio, alors que le nom du Ghanéen John Dramani Mahama était également dans les tuyaux ?

En tout cas, cette présidence, sans forcément être un cadeau empoisonné pour le Sierra Léonais, n’en n’est pas moins pour lui, une patate chaude, au moment où la CEDEAO, doit s’appauvrir de trois nations, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso et le Niger, désormais membres fondateurs de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Une refondation, ou tout au moins des réformes essentielles, s’imposent, à l’institution qui doit se muer, pour survivre à la profonde crise qui l’affecte, en une véritable CEDEAO des peuples recollant aux ambitions des pères fondateurs. De même, les divisions ostensibles entre les dirigeants de la CEDEAO, sur des questions tant économiques que politiques, sont un mal qui a profondément entamé les fondations de la Communauté qui, pourtant peut se targuer de bien des acquis, dont la plus importante est la libre circulation effective des citoyens de l’espace et de leurs biens.

Certes, en matière de la libre circulation des personnes et de leurs biens, des goulots d’étranglement, comme les rackets aux frontières et des velléités de protectionnisme économique de certains pays, existent et ne sont pas à négliger. Difficile de passer sous silence, le…silence coupable de l’organisation face aux troisièmes mandats antidémocratiques et tentatives de troisièmes mandats, qui sont devenus le sport favori de certains dirigeants et débouchent souvent sur des coups de force militaires. Un autre casse-tête et pas des moindres pour le nouveau chef de la CEDEAO, est le fléau du terrorisme qui affecte certains Etats et menacent d’autres. Le chapelet des défis peut encore être égrené à l’envi, mais le résultat de la course est que le mandat de Julius Maada Bio sera loin d’être une sinécure.

Le diagnostic étant établi, que pourra le nouveau médecin afin de trouver, et le cas échéant, d’appliquer le remède choc à la CEDEAO contrainte de se chercher une nouvelle voie ou de s’enfoncer davantage dans ses contradictions ? C’est un euphémisme, Julius Maada Bio a du pain sur la planche !

Par Wakat Séra

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