« Le meilleur reste à venir ». Ainsi parla Paul Biya ce mardi 7 octobre 2025, à Maroua où il a tenu son premier, et peut-être unique meeting de campagne pour la présidentielle du dimanche 12 octobre 2025. Candidat à sa propre succession, le leader inoxydable du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), est en route pour un 8e mandat pour lequel il appelle ses concitoyens à poursuivre, avec lui, la construction d’un « Cameroun uni, prospère, démocratique… »
La jeunesse est encore visiblement séduite par ce discours, prononcé d’une voix hésitante, parfois inaudible, mais applaudie mécaniquement. Or, les chiffres révèlent que 60% des Camerounais ont moins de 25 ans et n’ont connu que le « Vieux Lion », 92 ans, au pouvoir. Comme Mahamadou Laminou, la trentaine, au micro de nos confrères de TV5, les jeunes sont, une fois de plus, prêts, à confier leur avenir au seul président qu’ils connaissent depuis leur naissance. « Le président Paul Biya est un homme de parole. C’est un homme qui écoute la jeunesse. Quand on est vieux, on est sage et on sait diriger les jeunes et les moins jeunes aussi », est convaincu ce militant du RDPC depuis ses 18 ans.
A cinq jours de sa tenue, cette présidentielle ne réserve pour surprise, sauf tsunami, que celle de l’identité de celui qui occupera la deuxième marche du podium. Et là encore, les urnes feront probablement le choix entre l’un des transfuges du pouvoir, les deux ministres démissionnaires de Paul Biya, c’est-à-dire, Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maigari. Avec tout le respect dû à des hommes politiques de leur trempe, il faut reconnaître que la puissante machine électorale du RDPC, fera encore des victimes, comme toujours, la quarantaine d’années de pouvoir de Paul Biya l’ayant bien huilée. De plus, malgré plusieurs tentatives dont certaines heureuses de regroupement, l’opposition camerounaise va, une fois de plus, en rang dispersé à ce scrutin qui ne devrait être qu’une formalité pour Paul Biya. Du reste, l’opposant le plus craint par le pouvoir, Maurice Kamto écarté, tout suspense a été tué d’entrée de jeu ! Tout est donc mise en œuvre pour garder intactes les chances de Paul Biya de se succéder à lui-même, et demeurer le président à vie du Cameroun.
Question : Paul Biya avait-il vraiment besoin de descendre sur le terrain alors que le match semble être déjà plié ? Cependant, si gagner n’est plus qu’un souci mineur pour Paul Biya, si tant est que c’est lui qui gouverne véritablement encore le Cameroun, il doit tout de même penser aux aspirations légitimes de son peuple qui subit de plein fouet la cherté de la vie. Les attentes sont bien nombreuses en matière de justice sociale et de lutte contre le chômage des jeunes, ceux qui ne croient plus, depuis bien longtemps, aux promesses électorales. Mais ça c’est une autre paire de manche !
L’après élection risque tout de même, de ne pas être un long fleuve tranquille, le paysage politique risquant fort de se redessiner, en exacerbant le combat fratricide de positionnement dans les différents clans en présence. Sans oublier que les longs règnes sont toujours crisogènes !
Par Wakat Séra
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