Mon explication est exempte de tout émotion, elle est basée sur la loi qui encadre ce type d’opération, l’ingénierie financière qui structure le deal, l’impact, la réalité, les perspectives d’évolution de notre participation.
Lisons
Pour exploiter les Monts Simandou et accélérer notre développement, la Guinée s’est associée à deux grands groupes mondiaux.
-Simfer (Rio Tinto) avec Chinalco et Baowu pour les blocs 3 et 4.
-Winning Consortium Simandou (WCS), réunissant Winning International Group, Shandong Weiqiao, Baowu et UMS, pour les blocs 1 et 2.
-Dans les deux cas, l’État supervise et participe à travers la Compagnie du Transguinéen (CTG).
Donc les partenaires, soit les actionnaires, sont les suivants :
Bloc 3 et 4 : Simfer, Baowu, Chinalco et la Guinée.
Bloc 1 et 2 : Winning consortium composé de 3 compagnies et la Guinée.
La répartition des parts sont les suivantes :
Mines Bloc 1 et 2 : nous avons 15%
Mines Bloc 3 et 4 : nous avons 15%
Les rails, le port et les infrastructures : 15%
Termes à retenir :
1- La réalisation du projet vaut environ 20 milliards de dollars, capital d’investissement de départ, soit presque 2 fois notre PIB il y’a moins de 10 ans. La Guinée ne dépense rien, même 1 franc et la loi sur le code minier dit : Le Code minier 2011 (et amendements) accorde à l’État une participation gratuite de 15 % dans toute société de projet en phase d’exploitation. Cette part est gratuite et portée (free-carried).
2- La Guinée a possibilité d’augmentation jusqu’à 35%, cette information doit être connue de tous, après cette première phase (selon les options prévues par le cadre légal), donc si l’État gère bien nos premiers bénéfices, on peut cette fois réinvestir avec nos moyens et monter à 35% dans le projet.
3- Ce n’est pas 85% pour les chinois direct, c’est 85% pour l’ensemble de tous les partenaires (Chine, Royaume-Uni, Australie, investisseurs, banques, fonds d’investissement) donc au fond chaque société citée n’a qu’une minorité car elle puise de l’argent auprès des partenaires institutionnels pour financer les 20 milliards.
4- Aucune décision, opération et action stratégique ne se fera sans l’aval de l’Etat à travers le CTG.
5- Les points de rentabilité pour nous :
1- Nos 15% sur les mines
2- Nos 15% sur le port, les infrastructures et les rails via le CTG (et des droits stratégiques d’accès aux infrastructures)
3- Nos redevances qui peuvent aller à 3% des flux
4- Les impôts et taxes qui ne sont pas exonérés sur ce projet et qui constituent une source solide de rendement.
5- Le plus important c’est l’effet macro, c’est une exploitation de 120M de tonnes par an de fer grâce à Simandou, on est désormais plus crédible, plus finançable, plus apte à créer de l’emploi, investir et surtout développer nos projets.
Impact : Grâce aux revenus futurs de Simandou, la Guinée disposera d’un véritable levier économique, comparable à un entrepreneur possédant plusieurs garanties hyper solides.
Ce capital pourra être réinvesti dans les secteurs stratégiques du pays agriculture, santé, éducation, infrastructures, technologie, culture et économie avec des retombées potentielles estimées à plus de 200 milliards de dollars, ouvrant la voie à une transformation industrielle et énergétique sur 15 à 20 ans.
Le défi se situe où ? Sur la gestion de notre part, pas sur le pourcentage.
Notre État a été brillant sur les négociations car il a su protéger ce qui nous revient de droit au nom de la loi du code minier, il a aussi préparé la perspective d’augmentation des actions et surtout définit un cadre macro pouvant réellement changer notre histoire cependant le véritable travail sera de gérer convenablement nos rendements afin que le plan stratégique aboutisse et que nos populations puissent réellement bénéficier des retombées de Simandou.
Vous avez le droit d’être exigeant, la rigueur est de taille car c’est notre dernière carte. Si l’on échoue sur Simandou comme on l’a fait avec d’autres minerais, c’est fini pour nous. Je comprends vos inquiétudes mais soyons optimistes et surtout LUCIDES.
Joseph Maxim Bilivogui
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