
A défaut de donner ce qu’ils ont dans le ventre, comme ils l’auraient fait au micro des sommets avec la France où le folklore était l’ingrédient le mieux partagé, les cinq chefs d’Etats africains, tous en costume et cravate, visiblement de rigueur, invités à manger du hamburger à la table de Donal Trump, ce mercredi 9 juillet, ont offert ce que leur hôte aime le mieux : les richesses du sous-sol de leurs pays respectifs.
Face au pragmatisme du président des Etats-Unis qui a nettement marqué sa préférence aux échanges commerciaux plutôt qu’à l’aide, les chefs d’Etat de la Mauritanie, du Sénégal, de la Guinée Bissau, du Gabon et du Libéria, ont vite compris que le temps de tendre la sébile est révolu. Tout au moins en ce qui concerne les relations entre eux et le pays de l’Oncle Sam. C’est tant mieux pour les Africains, qui pourront, désormais, manger à la sueur de leur front, mais surtout faire valoir leur poids dans la balance du commerce mondial, au lieu d’être des champions, toutes catégories confondues, d’assisté congénital. Avant leurs autres homologues, le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, le Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema, et le Libérien Joseph Boakai, ont goûté à la méthode Trump qui ne laisse aucune place aux discours oiseux.
En attendant le grand sommet prévu, en principe, en septembre entre l’Afrique et les Etats-Unis, le décor est planté. Les dirigeants africains, lors de ces rencontres, ne devraient plus s’attendre à aller se pavaner entre les gratte-ciels de Manhattan, flanqués de délégations pléthoriques de touristes. C’est en cela que la leçon de Donald Trump doit porter, même si, celui-ci, sait, sans doute maintenant, que l’Afrique n’est pas un pays, mais un continent où l’on parle également, et parfaitement, l’anglais comme le Libérien Joseph Boakai qui a séduit son interlocuteur par sa maîtrise de la langue de Shakespeare. Ce qui n’a rien d’étonnant, la langue officielle au Liberia étant l’anglais, ce pays ayant été fondé par d’anciens esclaves venus des Etats-Unis et qui a accédé à la souveraineté internationale en 1847. De plus, son drapeau ressemble, couleur pour couleur, à celui des Etats-Unis. Sauf que le « Stars and Stripes » américain porte 13 bandes horizontales, rouges et blanches, et 50 étoiles, alors que l’étendard libérien n’a qu’une seule étoile et 11 bandes horizontales, dont six rouges et cinq blanches.
Mais ce pan d’histoire était la dernière des préoccupations de Donald Trump, lancé dans la course aux minerais et au véritable business. Et tant mieux pour lui, si cela peut lui permettre, au passage, d’évincer la Chine et la Russie dans leur avancée à pas de géant sur le continent noir.
La nouvelle vision du locataire, pour quatre ans, de la Maison blanche, si elle est exploitée à bon escient, devrait également constituer un partenariat gagnant-gagnant basé sur fond de « prospérité mutuelle », au vrai sens du terme, entre les Etats-Unis et « ces endroits dynamiques », ce sont les mots de Donald Trump. Et si, en cherchant à combler le retard sur leurs rivaux russes, et surtout chinois, les Etats-Unis de Trump arrivent à fixer les Africains chez eux, réduisant du coup l’immigration, certainement qu’ils ne s’en frotteront que les mains ! Car, à la priorité commerciale, s’ajoutent pour « le gendarme du monde », celle de la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue !
En tout cas, la démocratie ne sera visiblement pas le premier critère de choix des partenaires de celui dont certains des cinq visiteurs venus d’Afrique, ne verraient aucun inconvénient à ce que lui soit décerné le Nobel de la paix. En invitant cet échantillon de dirigeants, Donald Trump n’a aucunement tenu compte de leurs parcours respectifs pour accéder au pouvoir. Ce qui est surtout déterminant, c’est, entre autres, la richesse du sous-sol, c’est la localisation géographique pour freiner, à défaut d’y mettre fin, l’immigration vers les Etats-Unis, et l’aptitude à lutter contre le trafic de drogue.
L’Afrique noire, en principe, et si ses dirigeants acceptent de mettre en avant le bien-être de leurs peuples, ne doit plus se permettre de refuser le développement, avec un « partenaire » comme Donald Trump. Toutefois, Tonton Trump gagnerait à être moins paternaliste dans le comportement ! N’est-ce pas l’un des reproches faits, fréquemment, au Français Emmanuel Macron ?
Par Wakat Séra
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